Quelques techniques de composition

de Mr. Ben.

Je vais essayer dans cette rubrique de vous faire découvrir quelques techniques de comopsition de Ben, de vous donner quelques éléments de son style. Ces renseignements sont issus du livre de Sebastien Lucaire paru aux Editions La Mascara.

"J'entends mes morceaux dans ma tête. Je m'en souviens et je les fredonne dans un dictaphone".

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[credit:Ryan Miner]

Selon l'adage bien répandu, "il faut souffrir pour son art", Ben Harper semble ne pas s'échapper à la règle. Mais chez lui, plus l'éthique professionnelle, cette conviction prend une dimension philosophique, voire quasi métphysique. En 97, il déclare au magazine Les Inrockuptibles : "toute forme d'existence terrestre doit s'accompagner d'un peu de souffrance. On souffre pour être le premier, le plus fort, le plus cultivé, c'est normal. Cette souffrance est présente depuis mes débuts, mais, en même temps, seule la musique parvient à la guérir. C'est ce paradoxe qui permet d'avancer, de ne jamais baisser les bras. Je souffre quand je compose, mais le résultat m'aide à vivre et m'éloigne ainsi de la souffrance. Faire de l amusique me procure une sorte d'équilibre sans lequel je serais quelqu'un de passablement dépassé. Comme je compose depuis mon adolescence, j'ai pu me protéger des pires souffrances, celles que connaissent ceux à qui on n'a pas su transmettre l'envie de réaliser quelque chose sur Terre."

Cette envie se traduit de façon assez évidente dans ses textes, et le public n'a pas manqué de remarquer et de faire remarquer à l'artiste à quel point ses paroles le touchent au moins autant que sa musique. Ben Harper s'explique sur cet aspect de ses compositions dans le magazine Guitare et Claviers : "Pour moi, les mots, c'est de la musique. Telle ou telle phrase peut être profondément musicale. La fusion parole/musique, c'est la quête permanente. Je ne veux pas que ma musique soit insultée par mes paroles ou vice-versa. Si je trouve une mélodie que j'estime être bonne, et si elle me vient à l'esprit sans aucun mot, je ne ferai rien pour changer ça. Et si elle doit rester sans paroles, elle le restera. Je suis un compositeur, pas un poète, pas un musicien, mais un simple song-writer."

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Le "song-writer" Ben Harper est connu pour jouer avec sa guitare posée sur les genoux. Une position de l'instrument à la fois surprenante et touchante, dont il s'explique ainsi : " J'ai toujours essayé, et j'essaie encore, de réinterpréter le blues. La façon dont l'instrument était utilisé pour ce type de musique ne me convenait pas. En posant ma guitare sur mes genoux, je me suis senti tout de suite plus à l'aise. Ca n'est qu'à partir de là que j'ai pu vraiment écrire. Disons sérieusement. De nouvelles portes se sont alors ouvertes." Quant à la difficulté de chanter et de jouer à la fois avec son instrument posé sur ses genoux :" ça m'a demandé beaucoup de travail et d'entraînement pour être à l'aise en chantant assis, mais maintenant ça me paraît naturel ; je suis très à l'aise, vraiment. Je crois bien que c'est parti jusqu'à la maison de retraite, je suis trop vieux pour changer maintenant ! J'ai essayé pendant un moment d'en jouer comme tout le monde mais je me sentais gauche et maladroit et j'ai vite renoncé..."

Dans le premier album de Ben, la présence de la section rythmique est imposante. Mais déjà, il a conscience des limites que peut lui imposer son amour des percussions :" il faut faire attention de ne jamais laisser un instrument empiéter sur le territoire d'un autre. C'est une cuisine savante, délicate et je ne suis qu'un apprenti. Sur certaines chansons, comme Like A King, la batterie et les congas sont la matière première, l'aliment de base, les guitares ne sont que des condiments." Il ajoute, annonçant avec lucidité la suite de son évolution musicale : " Désormais je voudrais me diriger vers une écriture plus centrée sur la guitare acoustique. Ce ne sera pas facile, car la batteie est le plus ludique des instruments. Si je m'écoutais, j'enregistrerais des disques entiers de rythmes, de percussions. Mon côté tribal certainement ! [rires] " Cet amour de la rythmique ne vient pas, elle, du blues : " La part rythmique de ma musique vient de ma passion pour le hip-hop, un genre où cette partie équivaut à un battement de coeur. Et c'est naturellement que j'ai intégré cet élément à quelque chose de plus acoustique. Je préfère mille fois un bon DJ à n'importe quel branleur de manche surestimé !"

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